4° de couverture
Fille de l'esclave Abena violée par un marin anglais à bord d'un vaisseau négrier, Tituba, née à la Barbade, est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Son mariage avec John Indien l'entraîne à Boston, puis au village de Salem au service du pasteur Parris. C'est dans l'atmosphère hystérique de cette petite communauté puritaine qu'a lieu le célèbre procès des sorcières de Salem en 1692. Tituba est arrêtée, oubliée dans sa prison jusqu'à l'amnistie générale qui survient deux ans plus tard. Là s'arrête l'histoire. Maryse Condé la réhabilite, l'arrache à cet oubli auquel elle avait été condamnée et, pour finir, la ramène à son pays natal, la Barbade au temps des Nègres marrons et des premières révoltes d'esclaves.
Mon ressenti
Moi, Tituba sorcière… est un roman de l'écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé, publié en 1986, qui revisite l'histoire d'une figure historique méconnue : Tituba, une esclave noire accusée de sorcellerie lors du tristement célèbre procès des sorcières de Salem au XVIIe siècle.
Le roman suit le parcours de Tituba depuis son enfance en tant qu’esclave jusqu’à son implication dans les procès de Salem. L'écrivaine imagine la vie intérieure et les pensées de cette femme qui, dans l'histoire officielle, a souvent été réduite à une simple accusée. En la dotant d'une voix et en lui redonnant son humanité, l'auteur en fait une héroïne complexe et attachante, marquée par son histoire d'oppression, mais aussi de résilience.
Le roman explore de nombreux thèmes, notamment le racisme, le sexisme et la domination coloniale. Tituba y incarne une femme révoltée, confrontée à la brutalité du monde colonial et à l’oppression patriarcale.
Cependant, malgré les souffrances et les injustices qu'elle subit, elle développe une connexion profonde avec la nature et les traditions spirituelles, ce qui lui confère une dimension mystique et mystérieuse.
L’écriture de Maryse Condé est empreinte de réalisme magique, mêlant faits historiques et éléments fantastiques, tout en offrant une réflexion puissante sur les luttes contre les systèmes d’oppression.
Ce portrait rend à Tituba une personnalité universelle de résistance, tout en dénonçant la façon dont les vainqueurs ont souvent rédigé l'histoire.
Ce roman est également un hommage aux femmes noires et aux esclaves oubliés de l'histoire.
En somme, c'est une œuvre poignante qui réécrit l'histoire pour lui donner une dimension plus humaine, tout en confrontant les lecteurs à des enjeux de société toujours actuels.
Je vous conseille vivement de découvrir ce magnifique bijou de littérature.
Auteure
photo source : Babelio |
Maryse Condé, née Marise Liliane Appoline Boucolon, est une écrivaine française.
Née en Guadeloupe, elle part, en 1953, étudier en métropole au lycée Fénelon, puis à la Sorbonne où elle étudie l'anglais.
En 1959, elle se marie avec l'acteur guinéen Mamadou Condé et part pour la Guinée. Après son divorce, elle continue de séjourner en Afrique avec ses quatre enfants. Elle enseigne le français en Guinée, au Ghana et au Sénégal. Puis en 1973, elle quitte l'Afrique pour retourner vivre en France.
En 1975, elle obtient à la Sorbonne Nouvelle un doctorat en littérature comparée. L'année suivante elle publie son premier roman, "Heremakhonon" (1976), réédité plus tard sous le titre "En attendant le bonheur".
En 1981, elle épouse en secondes noces Richard Philcox, le traducteur de la plupart de ses romans vers l'anglais. Elle enseigne dans diverses universités et entame sa carrière de romancière.
Après la publication de "Ségou" (1984), son troisième roman, elle rentre en Guadeloupe. Cependant, elle quitte bientôt son île natale pour s'établir aux USA où elle enseigne à l'Université Columbia.
C'est grâce au roman "Moi, Tituba sorcière... Noire de Salem" (1986) qu'elle reçoit en 1987 son premier prix littéraire : le Grand Prix littéraire de la Femme. Le prix Marguerite-Yourcenar est décerné à l'écrivaine en 1999 pour "Le cœur à rire et à pleurer", écrit autobiographique qui fait le récit de son enfance.
Après de nombreuses années d'enseignement à l'Université Columbia, dont elle préside le Centre des études françaises et francophones depuis sa fondation en 1997 jusqu'en 2002, elle partage son temps entre son île natale et New York.
Maryse Condé est la récipiendaire du Prix Nobel alternatif de littérature dans la session exceptionnelle de 2018.
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