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lundi 7 février 2022

Où on va, Papa? de Jean-Louis Fournier

Editions Stock 

 


4° de couverture 


"Cher Mathieu, cher Thomas,


Quand vous étiez petits, j'ai eu quelquefois la tentation, à Noël, de vous offrir un livre, un Tintin par exemple. On aurait pu en parler ensemble après. Je connais bien Tintin, je les ai lus tous plusieurs fois.


Je ne l'ai jamais fait. Ce n'était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire. Jusqu'à la fin, vos cadeaux de Noël seront des cubes ou des petites voitures... "

Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi? 

J'avais honte? 

Peur qu'on me plaigne?


Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c'était pour échapper à la question terrible: "Qu'est-ce qu'ils font?"
Aujourd'hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j'ai décidé de leur écrire un livre.


Pour qu'on ne les oublie pas, qu'il ne reste pas d'eux seulement une photo sur une carte d'invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n'ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d'ange, et je ne suis pas un ange.


Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d'une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d'eux avec le sourire. Ils m'ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement.


Grâce à eux, j'ai eu des avantages sur les parents d'enfants normaux. Je n'ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n'avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu'ils feraient plus tard, on a su rapidement ce que ce serait: rien.


Et surtout, pendant de nombreuses années, j'ai bénéficié d'une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j'ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.

Jean-Louis Fournier


Mon ressenti 


Le livre où on va, Papa de Jean-Louis Fournier m'a beaucoup ému.

Mais il m'a aussi fait sourire aussi car l'auteur raconte son histoire triste et dramatique avec son humour assez grinçant et sarcastique. Par contre les esprits étriqués vont avoir du mal à accepter ce genre de récit très touchant avec une pointe d'humour. 

Je crois que pour parler de ses deux garçons handicapés, il a utilisé ses mots et son humour noir pour faire comprendre aux gens les situations dont il a dû faire face aux regards que portent certaines personnes face aux handicaps. La connerie est humaine. 

Deux êtres innocents avec des cerveaux remplis de paille qui sont incapables de lire, d'avoir des émotions en écoutant de la musique et incapables de se gérer. Juste capable de dire : vroum vroum, où on va, Papa? .

J'ai découvert la triste réalité du quotidien d'un père et d'une mère qui ont deux enfants handicapés, ils ne seront jamais comme les autres. Ils restent dans leurs bulles et grâce aux soins du centre spécialisé où ils sont placés, les parents désespérés peuvent enfin respirer. 

Un roman qu'il a  écrit pour ses deux garçons  et peut-être dans le but de leur  faire passer un message afin d'avoir le pardon dont il a besoin. Quand on culpabilise de ne pas être un père parfait mais avec des qualités et des défauts comme tout le monde. 

Les parents parfaits n'existent pas ça se saurait. 

Une citation qui m'a marqué:

"Mathieu et Thomas ne connaîtront jamais Bach, Schubert, Brahms, Chopin...

Ils ne profiteront jamais des bienfaits de ces musiciens qui, certains matins tristes, quand l'humeur grise et le chauffage en panne, nous aident à vivre. Ils ne connaîtront jamais la chair de poule que donne un adagio de Mozart, l'énergie qu'apportent les rugissements de Beethoven et les ruades de Liszt, Wagner qui vous donne envie de vous lever pour aller envahir la Pologne, les danses fortifiantes de Bach et les larmes tièdes que fait couler le chant dolent de Schubert..."

Les balades en belles voitures américaines qui transportent ces deux enfants sur  le chemin de la liberté, vers un monde sans douleur et sans haine. 

Parfois la vie est très difficile et injuste, qu'il ne nous reste que l'humour pour faire passer les injustices et la toxicité de la vie. 

Je suis très contente d'avoir découvert ce récit que l'auteur m'avait gentillement dédicacé et don je garde un super souvenir de cette rencontre. 


Auteur 


Photo prise au salon Le livre à Metz 2015



Jean-Louis Fournier est un écrivain, humoriste et réalisateur de télévision.

Il est le fils du médecin Paul Léandre Emile Fournier et de Marie-Thérèse Françoise Camille Delcourt, rédactrice.

Il est le créateur, entre autres, de "La Noiraude" et d'"Antivol, l'oiseau qui avait le vertige". Par ailleurs, il fut le complice de Pierre Desproges en réalisant les épisodes de "La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède", ainsi que les captations de ses spectacles au Théâtre Grévin (1984) et au Théâtre Fontaine (1986).

C'est également à lui que l'on doit l'intitulé de la dépêche AFP annonçant le décès de l'humoriste: "Pierre Desproges est mort d'un cancer. Étonnant non ?". Il adore Ionesco.

En 2008, Jean-Louis Fournier publia le roman "Où on va, papa ?" dans lequel il décrit sa relation avec ses deux fils handicapés. Le livre, qui a reçu le Prix Femina, a suscité un certain nombre de controverses, et a provoqué une réponse de la mère des deux garçons qui a créé un blog qui leur est dédié:
https://mamanmathieuetthomas.monsite-orange.fr/.
Il publie ensuite les romans "Poète et Paysan" en 2010 et "Veuf" en 2011.

Jean-Louis Fournier a écrit et joué au Théâtre du Rond-Point deux pièces inspirées de ses écrits, "Tout enfant abandonné sera détruit", donnée en novembre 2011 et "Mon dernier cheveu noir", donnée en novembre 2012.

Depuis, il écrit un roman chaque année.
En 2013, il sort "La servante du Seigneur" dans laquelle il parle de sa fille. Celle-ci a exigé et obtenu un droit de réponse. A la fin du roman, elle signe 5 pages avec sa version des faits.
En 2020, il publie "Merci qui? Merci mon chien".

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